Le blog de Mgr Claude DAGENS

LAISSEZ-VOUS SURPRENDRE PAR DIEU ! Messe de Noël à la cathédrale Saint-Pierre. 2011

25 Décembre 2011 Publié dans #Homélies

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       Il y a dans l’événement de Noël, dans le mystère de Noël, quelque chose d’inimaginable et pourtant d’étonnamment réel : Dieu, celui que nous ne parvenons pas à saisir et dont parfois nous doutons ou contre lequel nous nous révoltons, Dieu vient à nous, silencieusement, en cet enfant « emmailloté et couché dans une mangeoire ». Et cet enfant nommé Jésus est son Fils, devenant notre frère en humanité.

            Et il ne faudrait pas nous extasier trop vite, de manière puérile, devant cette naissance, en faisant appel à la mémoire de notre enfance ou à toutes ces nostalgies que nous portons en nous.

            Il faut plutôt entendre le chant des anges, ces créatures totalement ouvertes à la lumière du Dieu vivant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Tout est dit dans ces paroles chaleureuses : et surtout le mystère et le don d’une Alliance nouvelle entre Dieu et les hommes, puisque Jésus, le Fils du Dieu vivant, est là, silencieux, pour que le passage soit ouvert par Lui, en Lui, de notre vie mortelle au Royaume de la résurrection. Lui, Jésus, né de Dieu, vient vivre parmi nous pour qu’avec Lui, nous puissions passer de ce monde à son Père, en nous ouvrant à Lui, le Seigneur.

            Frères et sœurs, laissez-vous surprendre par Dieu à travers la naissance de Jésus Christ qui met nos vies humaines sous le signe de ce qui commence, de ce que Dieu désire faire naître et renaître en nous ! Surtout si votre vie, si notre vie est marquée par des brisures ou des épreuves, et si nous avons du mal à espérer que la lumière de Dieu, de l’Amour de Dieu puisse traverser nos ténèbres.

            Car la révélation inépuisable de Noël, c’est cela, c’est simplement cela : notre vie humaine, même si elle est blessée, est enveloppée par la tendresse du Père des cieux. Et si nous accueillons le Christ Sauveur, nous pouvons vaincre ce qui nous abîme et parfois nous démolit, et vivre de la vie de Dieu.

            Il y a dans cette naissance inespérée comme un cri de victoire, que les prophètes de la première Alliance savaient proclamer : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre une lumière a resplendi… Oui, un enfant nous est né, un fils nous est donné… Il est le Prince de la Paix… »

            Il est lui-même comme un nouveau commencement du monde, Lui, que l’évangéliste Jean appelle le Verbe, la Parole créatrice qui n’a pas seulement déclenché le probable big-bang originel, mais qui vient opérer comme une nouvelle création, en assumant tout de notre humanité, tout ce que nous construisons et aussi tout ce que nous sommes capables d’abîmer et de détruire en nous-mêmes et dans le monde.

            Il faut redonner à l’événement de Noël toutes ses dimensions de profondeur et de largeur. Notre humanité est ouverte pour toujours à la vie de Dieu parce qu’en Jésus, son Fils, Dieu s’est ouvert à nous, pour que nous, nous nous ouvrions à la joie de croire en Lui.

            Et nous avons osé – on peut vraiment parler d’audace – faire de cette affirmation un programme d’action pour notre diocèse d’Angoulême. C’était il y a un peu plus de deux mois, ici même, et à l’entrée de notre cathédrale, il y avait cette Croix lumineuse qui est maintenant dans le chœur. La Croix du Christ, comme la crèche, est un passage ouvert, le passage ouvert à la vie de Dieu, en Lui, Jésus Christ, la Parole faite chair pour qu’avec notre chair et notre sang nous renaissions de Dieu, de Dieu, notre Père des cieux.

            Et nous sommes le peuple de ses enfants. Cette promesse et cet engagement sont pour nous tous, ici rassemblés, pour vous, les enfants, parce que vous nous obligez à regarder vers l’avenir, pour vous qui doutez de la bonté de Dieu parce que vous avez fait l’expérience de la cruauté du monde.

            Mais Noël est au-delà des bons sentiments. C’est un nouveau commencement de Dieu avec nous, pour toujours, et de nous avec Lui, si nous le laissons simplement venir et travailler en nous. À nous d’être audacieux en nous laissant aimer, comme des enfants qui font confiance, à nous de ne pas nous enfermer dans nos mémoires blessées ! À nous de douter des catastrophes que l’on nous annonce !

            Si le christianisme, c’est d’abord le mystère de l’Emmanuel, Dieu avec nous, alors nous pourrons aller devant la crèche en nous étonnant, comme le faisait jadis un écrivain né et mort à Angoulême, Guez de Balzac, un homme qui avait côtoyé les puissants de ce monde, et qui s’émerveillait de la naissance de Jésus : « Une étable, une crèche, un bœuf et un âne : quel palais, bon Dieu et quel équipage !... Ne soyons pas honteux de l’objet de notre adoration. Nous adorons un enfant. Mais cet enfant est plus ancien que le temps. Il se trouve à la naissance des choses. Il a part à la structure de l’Univers. Et rien ne fut fait sans lui… »

            Et rien de profondément neuf et vivant n’advient sans Lui ! Quelle audace dans notre acte de foi qui ouvre sur l’infini de Dieu et sur les nouveaux commencements de nos vies !

            En toi, Seigneur, nous espérons ! Fais de nous le peuple de tes enfants, heureux d’adorer Jésus, notre frère ! Devant Lui, faisons silence, en nous émerveillant !

 

X Claude DAGENS

évêque d’Angoulême

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