CET ÉVÉNEMENT QUI VIENT DE LOIN ET QUI OUVRE À L'AVENIR DE DIEU. Eucharistie et confirmation de jeunes et d'adultes, à Saint-Léger de Cognac, le 18 décembre 2011

            Il y a, dans nos vies, des événements qui sont inséparables de ce qui les précède et de ce qui va les suivre. Et nous le comprenons très bien.

            C’est le cas aujourd’hui pour cet événement que vivent ces jeunes et ces adultes, qui vont être marqués du signe de l’Esprit Saint, par le sacrement de confirmation.

            Ce don de l’Esprit Saint fait partie d’une histoire personnelle qui vient souvent de loin. Et ce n’est pas seulement notre histoire à nous, c’est l’histoire du Dieu vivant qui fait Alliance avec nous, à partir de notre conception, de notre naissance et de notre baptême.

            Et c’est pourquoi, quand vous me dites, vous, les jeunes, que la confirmation serait un acte libre, désiré par vous-mêmes, alors que le baptême ne l’avait pas été, je me permets de corriger cette impression que vous pouvez avoir : le baptême, c’est le premier engagement visible et sensible du Christ avec nous. Il se lie à nous, pour la vie entière, une fois pour toutes, quel que soit notre âge (3 mois ou 30 ans).

            Mais il est vrai aussi que, maintenant, en désirant et en recevant le don de l’Esprit Saint, vous acceptez publiquement de devenir vous-mêmes des croyants au Christ et des signes vivants de sa présence, au milieu des autres – et les autres ne comprendront pas toujours cela, cette identité profonde d’enfants de Dieu baptisés, confirmés, reliés au Corps vivant du Christ qu’est l’Église.

            Je vous remercie d’être là pour franchir cette étape importante de votre vie chrétienne, c’est-à-dire de votre humanité d’hommes ou de femmes habités et animés par l’Esprit Saint, le Conseiller, le Défenseur, le Consolateur.

            Vous savez qu’il s’agit d’une étape qui est comme un nouveau commencement. Mais ce nouveau commencement est inséparable de votre histoire personnelle, de vos relations à votre famille, et aussi de vos relations avec l’Église réelle, à travers le scoutisme, l’aumônerie, les rencontres suivies avec ceux et celles qui vous accompagnent et avec les Frères de Saint-Jean. Vous êtes là parce que votre présence a été désirée et parce que nous avons besoin de vous, l’Église a besoin de vous pour se laisser renouveler par l’Esprit Saint.

            Jean, Timothée, Malo, Denis, Paul, Tugdual, Fleur, Jean-Baptiste, Sixtine, Baptiste, Valentin, Géraud, Benjamin, Agathe, Paula, Maxence, Louis, Léa, Marie-Liesse, Emmanuelle, Simon, Hugo, Antoine, Enguerran, et vous aussi, Sylvie, Sophie et Carole.

            Ce qui m’a frappé en lisant vos lettres avec attention, et aussi en vous rencontrant, c’est votre gravité, cette façon de vous relier à une histoire qui vous précède, celle de vos parents et de vos familles, l’histoire invisible de l’Alliance de Dieu avec vous et du travail de Dieu en vous.

            Parce que vous savez, et vous le savez parfois plus fortement que nous, adultes, qu’être chrétiens aujourd’hui dans une société qui se passe de Dieu, ce n’est pas du conformisme social. C’est un choix, et ce choix, vous le faites à cause de la confiance de Dieu pour vous. Je vous demande, à partir de ce sacrement, de communiquer à d’autres cette certitude de la confiance de Dieu, plus forte que tout, surtout quand on a des raisons de douter de soi-même.

            Et que la Vierge Marie me pardonne de ne pas avoir encore prononcé son nom à elle, elle qui a une place unique, privilégiée, dans cette grande histoire de l’Alliance de Dieu avec nous.

            Car cette histoire vient de loin : elle passe par le roi David à qui Dieu promet de donner une descendance en vue de lui bâtir une demeure. Et cette demeure de Dieu a été construite à Jérusalem. Mais une autre demeure se prépare aussi, une demeure inattendue : le corps de cette jeune fille de Nazareth, nommée Marie. Cet événement-là est inséparable de tout ce que le Dieu d’Abraham et de David fait pour son peuple, depuis des siècles, en se liant à lui.

            Mais voici que va commencer une nouvelle Alliance, étonnante : le Père des cieux s’ouvre à nous, en nous donnant son Fils, ce Jésus de Nazareth, qui va naître, réellement, de Marie. Et si Dieu est là, vivant en cet enfant de Bethléem, alors rien ne peut plus séparer la chair de notre humanité de la présence de Dieu.

            Et l’Esprit Saint est donné, comme pour la Vierge Marie, pour former en nous une humanité nouvelle, ouverte au mystère de Dieu et libre pour témoigner de son Amour si caché et si présent.

            Frères et sœurs, je vous appelle à prier l’Esprit Saint avec ceux et celles qui vont le recevoir, dans une intention précise : que nous formions un peuple d’enfants de Dieu qui se reconnaissent, qui s’accueillent, qui se soutiennent, et qui s’encouragent vraiment à aller à la Source de vie : et la Source, c’est le Christ, il vient, il se donne, il veut vivre en nous et c’est le sens de cette Eucharistie, de toute Eucharistie : oui, nous sommes rassemblés non pas seulement pour être ensemble, mais pour puiser à la Source du Christ et pour qu’il nous entraîne dans une histoire invisible, qui est une histoire de nouvelle naissance et de Résurrection.

X Claude DAGENS

évêque d’Angoulême