Le blog de Mgr Claude DAGENS

AVEC JÉSUS CHRIST EN CE MONDE ET DANS LE CIEL DE DIEU. Messe à Aizecq pour la fête de saint Pierre Aumaître le mardi 1er mai 2012

7 Mai 2012 Publié dans #Homélies

 

        

            170px-Aizecq aumaitre À l’heure de passer de ce monde à son Père, Jésus priait ainsi : « Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée…Je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai connaître encore, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et que moi aussi, je sois en eux. »

            À travers sa vie simple, et étonnante par sa simplicité, Pierre Aumaître est la vivante illustration de cette prière de Jésus : cet enfant d’Aizecq, ce séminariste de Richemont et d’Angoulême, a vécu avec Jésus Christ et il est maintenant associé à son rayonnement, à sa gloire.

          Et le plus étonnant, c’est le contraste entre cette vie si brève (il meurt en Corée à 29 ans) et ce rayonnement si large qui va de Séoul à Angoulême, et au-delà. Comme si le fait d’être intimement associé à la Passion de Jésus donnait à des êtres humains la liberté d’être ouverts au monde entier, tout en communiant à cette grande louange de Dieu qu’évoque le livre de l’Apocalypse. Les martyrs et les saints « se tiennent devant le trône de Dieu et ils lui rendent un culte jour et nuit dans son temple. Et celui qui siège sur le trône les abritera sous sa tente… et il essuiera toute larme de leurs yeux. »

            Saint Pierre Aumaître, notre frère, quelle joie de te retrouver ici, à Aizecq, près de l’endroit où tu es né et où sont enterrés tes parents ! Tes parents ont beaucoup souffert à cause de toi, quand tu leur as appris que tu étais appelé à devenir prêtre, et surtout à partir pour l’Asie alors si lointaine (plus de cinq mois de navigation jusqu’à Hong-Kong), et d’aller en Corée pour « y faire connaître et aimer le nom de Jésus Christ », comme tu l’as écrit toi-même bien des fois.

            Et ce travail d’évangélisation, tu ne l’as accompli que pendant deux ans, après avoir passé une année à te cacher en apprenant le coréen. Et puis, ce sera l’achèvement dramatique de ta vie, sur la plage de Kal-Me-Mot, face à la Chine, le vendredi saint 1866.

            Mais le plus beau, c’est que, près d’un siècle et demi après ta mort, nous comprenons qu’ici même, à Aizecq, et ensuite au petit séminaire de Richemont et au grand séminaire d’Angoulême, tu as appris l’essentiel : à suivre Jésus, à le connaître, à l’aimer, à lui obéir, et à mettre cet amour-là au-dessus de tout, puisque tu as confié toi-même à l’un de tes amis que, pour choisir Jésus Christ, tu avais renoncé à ton amitié amoureuse pour une jeune fille d’ici…

            Comme si Dieu t’avait intérieurement préparé à tout ce que tu aurais plus tard à vivre pour participer à la Pâque de Jésus, et tu voulais être mis à mort le vendredi saint, après ta condamnation par le tribunal de Séoul.

            J’ai relu plusieurs de tes lettres et il y a une chose que j’admire : toi qui ne connaissais de la France que ta région natale, et ensuite la ville de Paris, tu désirais que la Corée – qui refusait l’entrée des étrangers – soit pour toi comme une nouvelle patrie. Et elle l’est devenue : tes lettres sont traduites en coréen, le lieu de ton supplice, avec tes trois autres compagnons, est devenu un lieu de prière, avec une chapelle très accueillante et les restes de ton corps sont là-bas, à Séoul, et nous, les Charentais, nous avons des liens d’amitié très réels avec des catholiques de Corée.

            Grâce à toi, Pierre Aumaître, nous comprenons que nos vies, quand elles sont données au Christ, deviennent les signes et les instruments d’une communion sans limites, qui nous dépasse et qui nous relie à l’Église invisible du ciel.

            Saint Pierre Aumaître, notre frère, nous te remercions de tout cœur : reste avec nous et que le Christ ressuscité nous apprenne, par toi, à former ce peuple fraternel où l’on s’encourage avant tout à connaître le Christ, à bénir et à annoncer son nom, son nom et le nom du Père des cieux que lui-même nous fait connaître, nous révèle, pour aujourd’hui et pour la vie éternelle…

            « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et que moi aussi, je sois en eux. »

 

X Claude DAGENS

 

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