Le blog de Mgr Claude DAGENS

UNE ÉGLISE ANCIENNE ET RESTAURÉE : UN SIGNE DE LA NOUVEAUTÉ DE DIEU. Homélie lors de l'Eucharistie à Chabrac, pour la bénédiction de l'église restaurée, le 22 juin 2013

27 Juin 2013 Publié dans #Homélies

 

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     Cette église de Chabrac est ancienne. Elle est plantée depuis des siècles dans cette terre de Charente limousine. Et aujourd’hui, cette église ancienne est comme renouvelée de l’intérieur. Et nous en sommes témoins à travers ces signes visibles que sont le chemin de croix et l’autel, qui sera consacré tout à l’heure.

      Ce renouvellement intérieur a été voulu par vous-mêmes, par le Père JOBERT, par le Père FERNANDEZ, et par beaucoup d’autres personnes présentes parmi nous ou qui s’associent à l’événement de ce jour. Il faut le reconnaître : une église n’est pas un bâtiment comme les autres. Sa valeur ne dépend pas seulement de son âge. Sa valeur dépend de ce qui justifie son existence, et ce qui justifie son existence, c’est le mystère et la présence du Dieu vivant parmi nous. Et c’est pourquoi une église peut être reconnue par beaucoup comme un lieu de vie, un lieu habité par une présence réelle, un lieu où l’on peut entrer sans aucun contrôle préalable, un lieu où l’on peut respirer, faire silence, écouter, regarder et même entrer en relation avec Celui qui nous attend et que nous pouvons appeler notre Père.

 

     Et ce qui se passe pour cette église de pierres se passe aussi pour nous, si nous acceptons qu’à l’intérieur même des blessures de notre humanité, Dieu ait toujours la liberté de faire germer du nouveau, de cette nouveauté étonnante qui se révèle en la personne de Jésus, le Fils du Dieu vivant, qui est venu et qui vient tout prendre sur lui de notre condition humaine, et jusqu’à notre mort.

     Écoutons ce dialogue si révélateur qui commence par une question : « Pour vous, qui suis-je ? » et qui pourrait s’achever sur la réponse de Simon-Pierre : « Tu es le Messie de Dieu », et Pierre pense alors en termes humains : Tu viens de la part de Dieu pour manifester ta victoire, en repoussant tes adversaires et en imposant ton pouvoir, comme cela se passe dans le domaine politique.

     Et bien non, et si Jésus demande le silence à ses disciples au sujet de son identité de Messie, c’est parce qu’il redoute un terrible malentendu. On risque de l’imaginer selon nos catégories humaines du pouvoir. On risque de concevoir la puissance de Dieu comme un principe de domination sur les hommes. C’est cela l’idolâtrie : nous nous fabriquons Dieu à notre image et nous nous interdisons de découvrir ce qu’il y a en lui, de radicalement nouveau.

           4 S’il vient parmi nous, ce n’est pas pour dominer. Il va suivre un chemin fait de vie donnée, de mort et de résurrection. Et Il annonce aussitôt ce grand passage auquel il veut nous associer : non pas de la vie à la mort, mais de la vie à la résurrection, à travers la mort. Et ce passage, il va l’accomplir avec une force intérieure qui n’est pas de ce monde, la force d’un Amour qui ne se résigne pas à la puissance du mal, mais qui vient l’affronter de l’intérieur pour le vaincre. Mort et résurrection, humiliation et relèvement : voilà le grand signe de Dieu au milieu de nous, et ce signe devient actuel et réel, et agissant, par le sacrement de l’Eucharistie : « Mon corps livré pour vous… Mon sang versé pour vous… »

     Là est la source de ce renouvellement permanent auquel nous sommes appelés, dans le Christ, puisque par le baptême, nous avons revêtu le Christ, nous lui appartenons et nous devenons un même Corps, en Lui, qui nous renouvelle.

     Voilà notre vocation commune de chrétiens dans les temps où nous avons à vivre. Ces temps sont difficiles : il y a les crises de notre société, la pauvreté qui s’aggrave pour beaucoup, notamment dans des secteurs ruraux dont l’avenir est incertain. Et il y a ces phénomènes d’usure qui nous atteignent tous, notamment dans l’Église.

     À nous de ne pas ajouter aux lamentations ambiantes. À nous de relever la tête et d’apprendre à devenir réellement chrétiens, disciples du Christ, dans cette société qui n’est plus chrétienne.

     « Celui qui perd sa vie à cause de moi la sauvera. » Comment entrer dans cette dynamique-là ? Comment perdre nos vies pour les sauver ? En participant au mystère et à l’action du Christ, et nous sommes appelés à y participer par deux chemins inséparables : la prière et la fraternité.

     Nous ne pouvons pas être chrétiens sans rencontrer le Christ, sans entrer en relation avec Lui. Cela s’appelle la prière, ici même, à l’église, ou chez nous. Le rencontrer en faisant silence et en lui disant simplement : « Me voici ! Viens ! Viens à mon secours ! Ouvre-moi à ta présence ! »

     Et la rencontre du Christ dans la prière est inséparable de la pratique de la fraternité chrétienne. Être là, au milieu de tous, et nous laisser façonner et transformer par la charité du Christ. Ce n’est pas une affaire de sentiments, même bons. C’est une affaire de conscience et de cœur : et le Christ saura passer par nous pour que d’autres perçoivent qu’il n’est pas venu dans le monde pour le juger, mais pour l’arracher au mal, le sauver, le renouveler. Que Dieu nous donne, à partir de cette église rénovée, de participer à ce renouvellement invisible et réel !

 

+ Claude DAGENS

 

 

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