Le blog de Mgr Claude DAGENS

LES BÂTIMENTS DU CULTE SONT SIGNES D'UNITÉ. Eucharistie à la chapelle Notre-Dame de Chalais avec bénédiction de l'édifice rénové, le 26 mai 2012

4 Juin 2012 Publié dans #Homélies

N-D. de Chalais.3

 

           Il est beau de voir que les bâtiments du culte catholique sont des signes d’unité. Surtout s’ils ont été rénovés, comme c’est le cas aujourd’hui en cette chapelle Notre-Dame de Chalais. Et si cette rénovation a lieu, c’est parce qu’elle a été désirée par des personnes qui ont pris les moyens de la réaliser et qui se sont dépensées – dans tous les sens du mot – pour aboutir à cette réalisation.

            Qu’il est beau de voir, plus d’un siècle après notre fameuse loi de séparation entre les  Églises et l’État, qu’un bâtiment du culte, au lieu de séparer, réunit. Et pour de bonnes raisons : pas seulement parce qu’il fait partie d’un patrimoine vénérable et qu’il s’inscrit dans la longue histoire de l’architecture romane, repensée par Abadie, mais parce qu’il a parmi nous une grande valeur symbolique. Au sens fort du mot grec symbolon : il s’agit de réunir ce qui était séparé, soyons clairs : de rendre sensible la jonction entre les hommes et le Dieu vivant qui a pris chair de notre chair, au risque d’en mourir et de donner sa vie « pour réunir les enfants de Dieu dispersés ».

            L’Église catholique n’est pas là, aujourd’hui, pour prendre possession de cette église de pierres. Elle est là pour l’ouvrir à tous, pour que ce signe de Dieu parmi nous devienne parlant à travers le langage des symboles, des rites, des gestes de la prière et de la fraternité. Et de cette fraternité qui, tout en étant républicaine, s’enracine dans l’humanité de Dieu qui s’est lié à nous pour toujours, en Jésus Christ, son Fils, mort et ressuscité.

            Ici se trouve une source cachée, cette source qui jaillit du cœur de Dieu quand il se donne sans conditions et qu’il nous appelle à vivre de Lui et de cette force douce qui est en Lui, le Seigneur.

            Et c’est cela que nous racontent les Actes des apôtres, et aussi la fin de l’Évangile de Jean. Quelque chose commence mystérieusement, quelque chose qui ne s’interrompra jamais, même au travers des épreuves.

            Voici Paul prisonnier à Rome, placé en liberté surveillée, « sub custodia militari », sous la garde d’un soldat. Mais ce prisonnier est étonnamment libre, et sa parole révèle ce qui le fait vivre dans l’espérance. Il est sûr d’être associé à la Passion et à la Pâque de Jésus, à sa mort et à sa résurrection. Il ne peut pas aller où il voudrait, mais rien ne peut plus l’empêcher de rendre témoignage de l’engagement de Dieu qui n’a pas de frontières.

            Les païens de Rome, tous ces gens soumis à l’autorité impériale, sont aussi capables de participer à l’Alliance nouvelle scellée par le Christ.

            Quant à l’apôtre Jean, celui que Jésus aimait, le frère de Jacques, il continue à recueillir le secret intime de Jésus : lui qui a assisté au reniement de Simon-Pierre, durant la nuit de l’arrestation, il a été témoin du pardon inimaginable que Jésus ressuscité vient d’accorder à ce même Pierre en lui apparaissant. Et lui, Jean, il continuera à vivre pour comprendre ce qu’il a entendu, pour dire comment l’Amour de Dieu vient agir en nous, comment nous devenons la demeure du Christ, comment l’Évangile continue d’être écrit dans nos cœurs plus ou moins blessés.

            Que cette chapelle de Chalais, comme toute église, soit au service de ce mystère de Dieu avec nous et de notre rencontre avec Lui ! Et que beaucoup de personnes puissent venir ici pour s’ouvrir au mystère, en percevant, si peu que ce soit, que le salut de Dieu est aussi pour elles ! Car nous sommes tous des païens dont le Père des cieux ne désespère jamais et la preuve, c’est l’acte qui va s’accomplir maintenant : « Mon corps livré pour vous… Mon sang versé pour vous… » L’Eucharistie, la messe, pour attester cet engagement inimaginable de Dieu avec nous !

 

X Claude DAGENS

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