LA CONCEPTION, LA NAISSANCE ET LA FILIATION DANS LA LUMIÈRE DE LA FOI. Fête de l'Immaculée Conception à N-D d'Obezine

            Peut-être sommes-nous habitués et même trop habitués à entendre cet étonnant récit de l’annonce faite à Marie, dans l’évangile de Luc.

            Peut-être sommes-nous trop habitués à accepter que Dieu vienne ainsi se lier à nous, que son Fils Jésus naisse de notre chair, qu’il soit porté, mis au monde, aimé par cette jeune juive de Nazareth qui est appelée à devenir sa mère.

            Peut-être devrions-nous regarder vers Marie comme ceux et celles qui vont à Lourdes pour la première fois, et qui se tournent vers la grotte, en se confiant à Celle qui est apparue là, en 1858, à Bernadette Soubirous, et qui lui a dit elle-même son nom, en patois bigourdan : « Je suis l’Immaculée Conception ».

            L’immaculée conception : quel nom étrange ! C’est le nom par lequel cette jeune fille est saluée par l’envoyé de Dieu, l’ange Gabriel : « Je te salue, comblée de grâce », c’est-à-dire préparée par Dieu à être totalement libre pour accueillir Celui qu’il veut nous donner, cet homme nommé Jésus, son Fils et notre frère.

            Heureusement la liturgie a tout prévu ! Et face aux événements primordiaux de la nouvelle Alliance, la conception de Marie et la naissance de Jésus, elle raconte une autre histoire, celle de la rupture originelle entre les hommes et Dieu, dans le livre de la Genèse.

            Voilà cet homme et cette femme, Adam et Eve, qui nous représentent vraiment : ils rêvent de se passer du Dieu vivant, ils se méfient de Lui, ils se dressent face à Lui, en obéissant à l’ennemi, au prince du mensonge, au serpent : « Vous serez comme des dieux ! Prenez le fruit de l’arbre ! »

            Alors vient la malédiction, mais la malédiction touche l’ennemi, et non pas l’homme et la femme qui, eux, seront appelés à se convertir à Dieu, à croire en cette Alliance dont Lui, le Père des cieux, garde l’initiative !

            « Béni soit Dieu », écrira l’apôtre Paul, qui « nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils adoptifs par Jésus Christ. » Autrement dit, le secret du monde, le cœur du monde, ce n’est pas la rupture entre Dieu et les hommes, ce n’est pas le mensonge de Satan, c’est l’Alliance indestructible qui ouvre à la vie de Dieu. Car nous sommes ses enfants.

            Des enfants et des adultes s’interrogent : « Qui est mon père et qui est ma mère ? De qui suis-je né ? Mes géniteurs m’ont-ils aimé ? Et qui m’assure que l’amour est plus fort que le mensonge ou l’ignorance ? »

            Ces questions sont normales, profondément humaines. Elles touchent au mystère de nos origines et de notre naissance. À ces questions, la révélation chrétienne de Dieu répond : « Oui, les réalités de la conception, de la naissance et de la filiation sont des réalités vitales. Mais ces réalités vitales, elles sont comme ressaisies dans le mystère du Christ et de la Vierge Marie. »

            Oui, nous sommes appelés à renaître de Dieu, en toutes circonstances et à tout âge ! Oui, dans notre chair et dans notre sang, nous sommes habités par l’Esprit Saint de Dieu ! Oui, nous sommes associés à cette histoire sainte qui se déploie à l’intérieur de notre humanité !

            Et c’est pourquoi un travail permanent de discernement est nécessaire. Discerner, c’est regarder au-delà des apparences immédiates. C’est chercher à comprendre comment nous avons part à la vie de Dieu, avec notre corps, notre sexualité, notre sensibilité, notre conscience, nos relations et nos engagements.

            Et vivent les Équipes Notre-Dame qui pratiquent à leur manière ce travail de discernement, en donnant à des hommes et à des femmes mariés, à des pères et à des mères, de reconnaître leur mission de couples dans l’Église, selon le charisme qui a été donné à votre fondateur, le Père CAFFAREL !

            Oui, je vous confirme ce soir dans cette mission que je connais bien et que j’apprécie beaucoup : témoignez de cette Alliance de Dieu dans la chair de notre humanité, donnez à d’autres des raisons de croire à l’amour humain, même s’il est fragile, même s’il se heurte à des obstacles ! Et ne laissez jamais dire que l’amour selon Dieu séparerait les corps et les âmes ! Quelle idiotie ! Au contraire, ce sont des illusions de la culture dite moderne qui dissocient les deux, comme si l’amour pouvait être séparé de la sexualité, comme si l’on pouvait se résigner à mettre d’un côté la manipulation des corps et de l’autre l’épanouissement des cœurs.

            Vous êtes, nous sommes ceux et celles qui apprennent à accueillir le Verbe fait chair et, avec Lui, le Fils, à nous aimer vraiment les uns les autres, vraiment, humainement, dans la force de cette Alliance dont Jésus est la Source et dont la Vierge Marie est la première à témoigner.