PRIER SANS SE DÉCOURAGER. Homélie lors de la confirmation de jeunes, à Aigre, le dimanche 20 octobre 2013

Le plus important, aujourd’hui, à Aigre, ce sont ces jeunes qui vont être marqués du signe de l’Esprit Saint de Dieu, en recevant, comme ils l’ont désiré, le sacrement de confirmation. Ces jeunes sont importants par eux-mêmes, à cause du choix qu’ils font et à cause de l’engagement du Christ avec eux.

Et ils sont aussi importants pour nous qui sommes près d’eux, que nous soyons croyants au Christ ou que nous ayons du mal à croire en Dieu, pour toutes sortes de raisons qui sont parfois très compréhensibles. Mais l’important, c’est le signe que ces jeunes nous donnent : dans une société qui n’est plus chrétienne, ils ont choisi de franchir une étape de leur vie, en avançant vers l’âge adulte avec la présence et la force de l’Esprit Saint.

Nous ne pouvons pas être indifférents à ce signe. Peu importe le nombre : un seul être humain vaut pour Dieu pour lui-même, et c’est cela qui compte aussi pour nous.

Tout à l’heure, je tracerai sur le front de chacun un signe de croix, avec de l’huile consacrée. Et ce geste, accompli de la part du Christ, a valeur d’engagement, pour Lui, Jésus, le Fils du Dieu vivant, qui n’est pas venu pour juger, mais pour sauver, pour tout renouveler de notre pauvre et sainte humanité.

L’étape d’aujourd’hui pour vous, Maëva, Clément, Gaëlle et Léa, est possible à partir de votre baptême que vos parents ont désiré pour vous. Le Christ est déjà lié à vous par le sacrement de la vie nouvelle, plus forte que la mort. Et maintenant, c’est l’Esprit Saint de Dieu qui va se lier à vous, d’une façon définitive, pour que votre existence tout entière soit animée par lui et pour que vous, vous le laissiez agir en vous.

Vous avez compris vous-mêmes que le baptême, ce n’est pas une contrainte qui vous aurait été imposée, mais une alliance avec le Dieu vivant et maintenant, vous êtes prêts à vivre de cette Alliance, et à la laisser produire en vous tous ses effets : ses effets de foi vive, ses effets de relation au Christ par la prière, ses effets de présence aux autres, à commencer par ceux et celles que l’on met à l’écart ou qui s’excluent eux-mêmes.

Voilà la mission de l’Église dans notre société parfois si dure et même si violente, ou si tenaillée par la peur ! Nous sommes appelés à être ensemble des témoins de l’engagement de Dieu avec nous, de sa confiance plus forte que nos peurs ou que nos duretés.

Écoutez encore l’Évangile de ce jour, que je n’ai pas oublié. C’est cette parabole assez bizarre où Jésus évoque ce juge sans justice qui ne respecte pas Dieu, qui se moque des hommes, mais qui finira par céder à l’insistance de cette veuve qui le supplie de lui faire justice, de défendre ses droits.

Il va l’exaucer parce qu’elle insiste et qu’elle lui casse la tête. Le modèle proposé par Jésus, ce n’est pas le juge. C’est la veuve : elle ne s’est pas découragée, elle a osé crier vers ce juge. Et Jésus s’appuie sur son attitude : « Faites comme elle avec Dieu ! Demandez, et vous obtiendrez ! Frappez, et vous l’on ouvrira ! Priez sans vous décourager ! » Dieu ne peut pas être insensible à ce que nous lui demandons.

Ces derniers jours, la relique de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est passée parmi nous. Beaucoup de gens sont venus la prier, en lui confiant tout de leurs vies !

Et ces appels, parfois ces appels de détresse, restent le secret de chacun ! Mais Thérèse est pour nous comme un relais vivant de l’attention et de la miséricorde de Dieu ! À nous d’oser, sans nous lasser, aller vers Lui et demander ce dont nous avons besoin !

Frères et sœurs, nous ne pouvons pas nous résigner à désespérer de Dieu ! « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Et si ces jeunes franchissent ce seuil nouveau de leur vie chrétienne, comment pourrions-nous, nous, en rester là où nous sommes ? À nous d’aller de l’avant, d’abord en nous-mêmes, en demandant au Seigneur d’enlever les obstacles qui nous bouchent le chemin ! À nous de réveiller le don de Dieu que nous avons reçu par le baptême ! À nous, avec les prêtres et les diacres de ce doyenné, de former une Église de croyants, d’hommes et de femmes qui laissent passer à travers eux la justice et la bonté de Dieu !

+ Claude DAGENS