Le blog de Mgr Claude DAGENS

UNE FEMME CONSACRÉE : SIGNE DE LA CHARITÉ DU CHRIST. Homélie lors des obsèques de Sr Marie-Thérèse Chappa, le 18 décembre 2012

18 Décembre 2012 Publié dans #Homélies

             « Frères et sœurs, puisque vous êtes élus, sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et si l’un a un grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellement… Et que règne en vos cœurs la paix du Christ, à laquelle vous avez été tous appelés en un seul corps. »

            Ces paroles que l’apôtre Paul adressait aux chrétiens de Colosses, nous les recevons aujourd’hui à travers sœur Marie-Thérèse, pour une simple raison : cet appel à vivre la fraternité chrétienne de façon exigeante, elle l’avait entendu elle-même, et elle y a répondu dans cette maison des Thibaudières, où elle a vécu et donné sa vie. Beaucoup ici en sont témoins : et nous ne pouvons pas oublier ce qu’était ce miracle permanent des Thibaudières, où beaucoup de personnes trouvaient quelque chose de plus fort que toutes leurs souffrances.

            D’où vient ce miracle ? Comment est-il possible que les meurtrissures de nos vies soient comme enveloppées et même surmontées par une force douce qui n’est pas de ce monde ?

            Sœur Marie-Thérèse était elle-même, avec sœur Élisabeth, comme la réponse vivante et sensible à cette question. Cela ne veut pas dire qu’elle était parfaite ou que tout aurait été parfait aux Thibaudières. Mais cela veut dire que la charité du Christ Jésus veut passer par nous pour se communiquer au monde et pour y exercer une action de salut.

            Cela se voyait aux Thibaudières : au milieu d’un charmant désordre, on percevait la tendresse du Dieu vivant, la miséricorde du Christ, la présence consolatrice de l’Esprit Saint. Et sœur Marie-Thérèse était là, avec sœur Élisabeth et avec quelques autres personnes, pour attester que la source de cette action de salut, c’est le Christ, le Christ de la Passion et de Pâque, Celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. Et c’est pourquoi la prière et l’Eucharistie étaient au cœur de cette petite « cour des miracles », et le Père BOILARD peut l’attester.

            Nous sommes réunis ce matin à Blanzac pour reconnaître ce petit miracle et pour en rendre grâces, chacun et chacune à sa place et à sa manière.

            Mais nous ne serions pas fidèles à ce qu’a voulu être sœur Marie-Thérèse si nous nous contentions de nous souvenir de ce passé. Nous sommes réunis aussi pour un acte réel de foi et d’espérance : cet appel à vivre de la charité du Christ, il ne disparait pas avec ceux et celles qui nous quittent.

            Je ne sais pas ce que deviendra la maison des Thibaudières, mais je suis sûr que Dieu ne cesse pas d’appeler des personnes à chercher et à trouver en Lui la joie et la force de donner leur vie, d’aimer les autres, non pas d’une façon sentimentale, mais avec l’énergie que l’on puise dans la prière et dans l’Eucharistie.

            « Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés, demeurez dans mon amour », dit Jésus à l’heure de quitter ses amis. Nous n’avons pas à prendre le relais de Jésus, et encore moins de sœur Marie-Thérèse, mais nous avons à laisser l’Esprit du Christ nous convertir à la fraternité dont la source est en Lui, le Seigneur, quand il nous commande de « nous aimer les uns les autres ».

            Nous savons bien ce qui rend l’Église vivante : ce ne sont pas nos méthodes ou nos projets, c’est notre façon personnelle de nous supporter les uns les autres, de nous pardonner mutuellement et, au lieu de nous plaindre, de tout faire au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par Lui à Dieu le Père.

 

            À quelques jours de Noël, nous regardons vers le Christ, en pensant de tout cœur au témoignage et à l’action de sœur Marie-Thérèse parmi nous. Je suis sûr qu’elle-même n’aimerait pas que nous regardions vers l’avenir sans espérance.

            Nous ne rêvons pas, mais nous croyons que c’est l’heure, maintenant, de ne pas baisser les bras, mais de désirer fortement que la charité du Christ nous soit donnée, qu’elle suscite de nouvelles vocations visibles ou cachées, et surtout qu’elle fasse de l’Église, de chacune de nos communautés comme des oasis où, d’un même mouvement, on pratique la fraternité chrétienne et la prière, où l’on apprend à se pardonner, et où l’on écoute cet appel inusable : « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. »

 

+ Claude DAGENS

évêque d’Angoulême

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