Le blog de Mgr Claude DAGENS

Les Jeux olympiques, le sport et le nationalisme. EA 7 septembre 2008

9 Septembre 2008 , Rédigé par mgrclaudedagens.over-blog.com Publié dans #Edito Église d'Angoulême

Ceux et celles qui « rentrent ».

 

                        Je n’oublie pas cette période de reprise ou de « rentrée » que beaucoup d’entre nous sont appelés à vivre :

            - des enfants et des jeunes plus ou moins curieux de ce qui les attend à l’école, au collège, au lycée.

            - des enseignants et des enseignantes qui savent bien que leur tâche d’enseignement est aussi un engagement éducatif.

            - des catéchistes qui se préparent à donner le meilleur d’elles-mêmes pour initier au mystère et à l’amour de Dieu.

            - des prêtres qui veulent eux aussi se donner à leur ministère et qui comptent sur l’amitié des membres de leurs communautés.

            - et nos communautés chrétiennes qui doivent comprendre qu’il y a des personnes nouvelles au milieu de nous et qu’elles demandent à être accueillies et reconnues. Attention de ne jamais nous considérer comme la tribu des habitués de l’Église !

 

 

Les leçons de Pékin

 

            Mais je voudrais surtout revenir sur les jeux olympiques qui viennent de s’achever. Comme beaucoup, j’ai regardé les images qui nous venaient de Pékin. Et, à certains moments, j’ai été presque scandalisé : on ne voyait, on n’entendait, on n’interviewait que des sportifs français. On enregistrait leurs émotions, explosions de joie en cas de victoire, crise de détresse en cas d’échec. Le monde entier représenté en Chine se réduisait à la France. Ces compétitions sportives étaient un prétexte à une sorte de déferlement nationaliste inconscient. Au moment même où l’on accusait le gouvernement chinois de profiter de ces jeux pour exalter l’orgueil national !

            De l’escrime au hand-ball et de la natation à la boxe, on assistait chaque jour à une sélection partisane. Il fallait vraiment que des records soient battus pour qu’on laisse émerger quelques athlètes étrangers, l’américain Michaël PHELPS ou  le jamaïcain Usain BOLT. Quels noms d’athlètes africains ou magrébins a-t-on retenus ? Et même de quel athlète chinois a-t-on célébré les louanges ou du moins les performances ? Et a-t-on remarqué que, dans le classement final des dix premiers médaillés, figurent trois pays d’Asie  (la Chine, la Corée du Sud, le Japon)?

            Cette exaltation nationaliste me laisse perplexe. On aurait dit que le sport, avec ce qu’il implique d’entraînement, d’ascèse, de conformité à des règles et de dépassement de soi, était presque oublié. Le vieux rêve des cités grecques, ressuscité par Pierre de COUBERTIN, était complètement refoulé et même refusé : il ne s’agissait plus d’affirmer le caractère universel du sport, sa capacité de réunir et de réconcilier au-delà des frontières, il s’agissait de retenir seulement quelques victoires nationales.

            J’aime la Marseillaise, quand elle réveille notre conscience d’être liés à une histoire et à une patrie communes. Je ne l’aime pas quand elle n’est plus qu’une formalité ou une façon de faire valoir la marque France sur le marché mondial du sport, du sport peut-être réduit à un marché ou à un jeux d’images.

            On a dit que ces jeux de Pékin avaient été exceptionnels par l’organisation et l’ordre qui y régnaient. On a dit qu’il y manquait de la fantaisie et de la liberté ! C’est peu dire : il y manquait la simple affirmation du travail sur soi que représente l’effort sportif ! Il y manquait la reconnaissance effective de ce qui rassemblait ces hommes et ces femmes : la joie de participer à ces compétitions pacifiques et longuement préparées,        souvent aussi la joie d’être membres d’une équipe nationale (mais c’est  autre chose que la récupération nationaliste), et certainement aussi le désir de vivre une certaine fraternité, au milieu même de ce qui peut opposer des nations.

            Je ne voudrais pas que ces jeux olympiques de Pékin soient l’expression d’une mondialisation apparente qui recouvrirait et qui provoquerait des repliements nationalistes.

            Je souhaite de tout cœur que le sport, et aussi les religions, et de manière spécifique l’Église catholique, travaillent sans relâche à cette fraternité universelle qui n’ignore pas les nations, mais qui s’enracine dans la conscience d’appartenir à une même famille humaine.

 

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