Après Benoît XVI, un nouveau pape sous le signe du mystère pascal. Éditorial d' "Église d'Angoulême", 3 mars 2013, par Mgr Dagens

BENOÎT XVI S’EFFACE

            Benoît XVI, Joseph RATZINGER : pour les enseignants de théologie, comme je l’ai été, cet homme, devenu évêque et pape, demeure avant tout l’auteur d’un livre capital publié en France en 1969, sous le titre Foi chrétienne hier et aujourd’hui.

            Au lendemain du Concile, dans une période de crise et de contestation, ce livre était un acte très courageux et très intelligent de réflexion, qui cherchait à déployer la foi chrétienne en la confrontant aux questions les plus vives de la pensée moderne. Qui plus est, ce théologien allemand se révélait non seulement comme un ami de saint Augustin, mais comme un familier de la littérature française, de CLAUDEL à BERNANOS.

            Le pape Benoît XVI a été fidèle au professeur de théologie qu’il est resté : non seulement, il a plaidé inlassablement pour le dialogue entre la foi et la raison et donc contre tous les fondamentalismes religieux et contre ce qu’il appelle les « pathologies » de la religion, mais il cherché à recentrer l’Église sur l’essentiel : le mystère du Dieu vivant qui se livre à nous et la joie de croire en Lui.

            Cet homme, Joseph RATZINGER, n’est pas seulement un intellectuel. C’est aussi un artiste, très sensible comme tous les artistes, même s’il sait se protéger et masquer ses sentiments. C’est ce qui m’a toujours impressionné en lui, dès ma première rencontre en 1976, à Munich : ce théologien vibre intérieurement, mais il s’efforce de le cacher, et il a sans doute besoin, près de lui, de présences amicales qui l’aident à vivre.

            Il a choisi de renoncer à sa charge de successeur de Pierre et d’évêque de Rome pour des raisons personnelles qu’il a dû longuement évaluer, avec sa conscience. Il s’efface, il se retire, il continuera à vivre sa foi avec toute l’exigence et toute la sensibilité qui sont en lui. Il écoutera Mozart, et pas seulement Mozart. Je voudrais bien qu’il lise aussi des romans et des pièces de théâtre, comme au temps de sa jeunesse. Il s’abandonnera au Christ, sans doute à Rome, près de la tombe de saint Pierre.

UN NOUVEAU PAPE

            Un nouveau pape sera choisi par les cardinaux réunis en conclave, sans doute vers le 18 ou le 20 mars. Nous prions déjà pour lui : « Seigneur, donne à cet homme qui a répondu à ton appel de devenir, le “Serviteur des serviteurs du Christ”, celui qui est chargé “d’affermir ses frères” et de témoigner inlassablement de ta miséricorde ! »

            J’étais à Rome durant tout le mois d’octobre, pour le synode sur la nouvelle évangélisation. J’ai vécu avec joie ces rencontres et ces débats aux côtés des évêques et des cardinaux venant du monde entier. Nous étions 260 et j’étais placé entre le président des évêques de Pologne et le nouveau cardinal du Nigéria, juste derrière l’archevêque de Florence et celui de New-York, et le cardinal TAURAN qui a dû protester après la projection de ce film scandaleux sur les menaces de l’Islam, présenté par le cardinal ghanéen TURKSON.

            Quelle diversité parmi ces cardinaux ! Mais dans les circonstances actuelles, ils sont certainement conscients de leurs responsabilités : il s’agit de répondre à l’appel du Christ qui inlassablement vient « rassembler les enfants de Dieu dispersés » et aussi « chercher et sauver ce qui était perdu ». L’élection de ce nouveau pape aura lieu quelques jours avant la Semaine Sainte et avant Pâques. Cet homme, en devenant successeur de l’apôtre Simon-Pierre et évêque de Rome, saura qu’il aura à conduire et à gouverner l’Église du Christ au milieu des tempêtes du monde et surtout à y manifester la victoire de l’Amour de Dieu, plus forte que tout, en vivant lui-même, contre vents et marées, de cette victoire. Vive ce nouveau pape, placé ainsi sous le signe du mystère pascal !