Le blog de Mgr Claude DAGENS

IL NE LEUR DIT PAS : "LE MONDE EST MAUVAIS". Fête de la Toussaint, à la cathédrale

2 Novembre 2015 Publié dans #Homélies

IL NE LEUR DIT PAS : "LE MONDE EST MAUVAIS". Fête de la Toussaint, à la cathédrale

Voici ces hommes et ces femmes de Galilée ! Ils sont comme nous : ils souffrent des duretés du monde, mais ils cherchent des raisons d’espérer. Et ils se tournent vers Jésus.

Jésus ne leur dit pas : « Le monde est mauvais ! Résignez-vous à souffrir ! » ou bien : « Faites la guerre au mal et aux méchants ! »

Il leur dit – et c’est aussi cela la bonne nouvelle de l’Évangile - : « Heureux les pauvres de cœur ! Le Royaume des cieux est à eux ! Cherchez en vous-mêmes ! En-deçà de l’expérience du mal – cruautés, injustices, violences -, existe en vous une force de vie et d’espérance qui peut toujours se réveiller ! » Et cette force-là n’est pas brutale : elle passe par nos pauvretés, par nos luttes, par nos faims de justice et de miséricorde !

C’est votre force d’enfants de Dieu ! Réveillez-la ! Déployez-la ! Vous ne serez pas vaincus par le mal du monde !

Et cet homme qui parle ainsi, c’est ce prophète venu de Nazareth ! Il annonce le Royaume de Dieu et il l’annonce avec la force nouvelle qui est en Lui, non pas la force des armes ou la force des idées, mais la force de Vérité et de Vie qu’il reçoit de son Père, car il est le Fils, et il vient non pas pour punir le monde, mais pour le renouveler.

Et le renouveau du monde passe par nous et parmi nous, de façon plus visible, par des hommes et des femmes qui croient à cette promesse de Dieu. Ils s’appellent François d’Assise, qui se fait pauvre pour servir les pauvres, Thérèse de Lisieux, qui diffuse la miséricorde de Dieu, mère Teresa de Calcutta, et tant d’autres qui rayonnent de la charité du Christ : ce sont tous non pas des puissants, mais des pauvres de cœur, comme Jésus, des hommes et des femmes désarmés et libres pour qu’agisse en eux l’Amour fort du Christ quand il vient « chercher et sauver ceux qui étaient perdus ».

Et aujourd’hui, en cette fête de la Toussaint, même si nous nous souvenons de nos défunts, en sachant que nous sommes séparés d’eux, nous croyons aussi que le ciel de Dieu leur est ouvert. Et, parmi eux, il y a ces hommes, ces femmes que l’on appelle saints, qui sont vivants de la vie de Dieu. Ils restent proches de nous, tout en vivant dans la lumière de Dieu. Il y a même des moments où nous percevons leur présence.

Le Livre de l’Apocalypse les fait apparaître comme des vainqueurs. Ils ont traversé la grande épreuve, l’épreuve de la lutte, et parfois du désespoir. Mais ils l’ont traversée avec Jésus, le Christ, qui passe de ce monde à son Père en subissant la mort, mais aussi en se laissant relever d’entre les morts, en devenant le premier-né d’entre les morts.

La fête de la Toussaint, c’est d’abord la fête de notre communion au Christ Jésus et de notre victoire sur le mal. Cela s’appelle l’espérance chrétienne, c’est notre vocation commune et c’est une vocation qui nous oblige à être différents du monde.

Car le monde, au sens négatif de ce mot, croit souvent à la victoire du mal. Nous serions déjà des vaincus, et il nous resterait à cultiver nos peurs, à désigner des coupables, à nous durcir nous-mêmes en nous repliant sur nos petites sécurités.

Dès les débuts de sa mission et jusqu’au bout, le Christ Jésus nous appelle à voir large : « N’ayez pas peur ! Vivez de la force douce que le Père des cieux met en vous ! Vivez de la force de sa miséricorde, c’est-à-dire continuez à croire, comme Lui, contre vents et marées, qu’il existe en vous, en nous tous, une capacité de don et de pardon plus forte que tout ! »

« Heureux les pauvres de cœur ! » Oui, heureux parce qu’il leur est donné de participer à l’avènement du Royaume de Dieu et au renouveau de la création, et d’abord à sa sauvegarde ! Car l’Évangile n’est pas seulement une école de sagesse spirituelle ! C’est un appel constant à vouloir pour notre humanité des transformations réelles !

Et l’Église du Christ, l’Église tout entière, et aussi l’Église invisible et réelle des saints et des saintes, est chargée de cette mission-là : que notre humanité commune ne soit pas perdue, mais qu’elle vive et qu’en chacun de nous s’éveille et grandisse ce désir de vie renouvelée, élargie aux autres, façonnée par l’Évangile !

Frères et sœurs, que l’Esprit Saint nous apprenne à regarder et à écouter : alors nous percevrons ces signes cachés de confiance et de patience, de fraternité et de pardon qui peuvent germer en chacun de nous ! Car Dieu, en chacun de nous, peut accomplir des merveilles, si nous apprenons à être pauvres de cœur pour l’accueillir !

+ Claude DAGENS, évêque d’Angoulême

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