Le blog de Mgr Claude DAGENS

"JE RENDS GRÂCES À MON DIEU CHAQUE FOIS QUE JE FAIS MÉMOIRE DE VOUS". Homélie lors du rassemblement diocésain du MCR, le 25 septembre 2014

25 Septembre 2014 Publié dans #Homélies

"JE RENDS GRÂCES À MON DIEU CHAQUE FOIS QUE JE FAIS MÉMOIRE DE VOUS". Homélie lors du rassemblement diocésain du MCR, le 25 septembre 2014

Ce temps de rassemblement, nous le vivons non pas sous le signe de la plainte ou des lamentations, mais sous le signe de l’action de grâces, malgré les violences du monde et les épreuves de nos vies. Mais l’apôtre Paul lui aussi avait des raisons de se plaindre et de s’inquiéter, surtout quand il était prisonnier. Mais il commence presque toutes les lettres par l’action de grâces :

« Je rends grâces à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous. » Il s’adresse alors aux chrétiens de Philippes. C’est la ville de Grèce où il a vécu, après être venu d’Asie mineure. Ces chrétiens de Philippes, il les connaît et il les aime. Leur communauté, il l’a fondée, avec des femmes juives qu’il avait rencontrées sur leur lieu de prière. Et il est prisonnier quand il écrit cette lettre.

Mais les épreuves ne le brisent pas. Il sait que Dieu agit au milieu des épreuves. Le savons-nous assez ? Savons-nous lutter contre le mauvais esprit de jérémiades et de plaintes ? Savons-nous dire du bien des autres, surtout quand ils ne sont pas là ? Savons-nous admirer au lieu de jalouser ?

Frères et sœurs, c’est cela qui est attendu de nous par d’autres personnes qui nous rencontrent et nous connaissent. Se plaindre du mal, c’est facile, c’est banal. Se réjouir des autres et de Dieu, cela fait du bien à tout le monde, et à nous-mêmes.

Et ne soyons pas naïfs ! Nous n’ignorons pas les difficultés de la vie, les souffrances liées à la pauvreté, aux divorces, à la solitude, aux gestes de mépris, aux mouvements de colère !

Dans quelques jours, s’ouvrira à Rome un rassemblement d’évêques du monde entier que le pape François a convoqué pour examiner « les défis pastoraux de la famille dans le contexte de la nouvelle évangélisation ».

Derrière le mot « défi », on a le droit de percevoir des situations difficiles et parfois dramatiques : quand le dialogue entre époux devient impossible et que les enfants en sont témoins, quand des mères célibataires se débattent pour vivre avec des moyens très réduits, quand des personnes âgées sont délaissées par leurs familles, c’est la souffrance et l’inquiétude qui dominent.

Et pourtant, tout cela, qui est réel, ne nous empêche pas d’espérer et de voir, oui de voir, ce qui se passe lorsque des amis, des voisins sont là pour nous soutenir, nous comprendre, nous visiter, et que nous-mêmes, nous sortons de nous-mêmes pour écouter, pour consoler, pour encourager à vivre et à tenir bon.

Tout ce que nous nous devons ainsi les uns aux autres fait partie de la réalité chrétienne, de la vie de nos communautés et de nos communes.

Comme chrétiens, nous ne pouvons pas être des hommes et des femmes résignés au mal et au pire. Nous participons sans cesse à ce que le pape François appelle « la révolution de la bonté et de la tendresse ». Et cette bonté n’est pas fade, cette tendresse n’est pas doucereuse. C’est une bonté forte, c’est une tendresse qui ne se paie pas de mots. C’est – soyons réalistes – un combat permanent fait de conversions quotidiennes.

L’Évangile que vous avez choisi met en relief deux exigences essentielles de ce combat : pratiquer les commandements de Dieu et accepter d’être dépouillé, libre pour Dieu et pour les autres.

Les dix commandements – ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir -, cela semble facile. C’est à voir : car on peut tuer en paroles, ou du moins meurtrir. Quant à ne pas mentir, dire la vérité, faire la vérité, faire appel à sa conscience, et non pas à ses réflexes, cela demande parfois du courage.

Mais être pauvre, renoncer à accumuler des biens, des terres ou de l’argent, savoir se détacher de ce qui nous enferme en nous-mêmes, renoncer à dominer les autres, cela est parfois au-delà de nos forces.

Mais le plus beau, dans l’épisode du jeune homme riche, c’est l’attitude de Jésus. Il lui parle en s’adressant à sa conscience. Il ne le foudroie pas. Il ne le rejette pas. Il lui ouvre un chemin et il attendra…

C’est comme le père de ce fils dit prodigue, qui a exigé sa part d’héritage et qui est parti vivre au loin une vie de désordre. Ce père ne s’est pas endurci. Il n’a pas cessé d’espérer. Et l’heure des retrouvailles viendra. Ce qui semblait impossible se réalisera.

Frères et sœurs, nous sommes réunis aujourd’hui non pas pour nous plaindre des maux liés à l’âge. Nous sommes réunis pour nous encourager à former un peuple de gens qui savent vieillir en se convertissant à l’Évangile, en rendant grâces, au lieu de gémir, en apprenant à aimer, au lieu de haïr, en consentant à pardonner, même après des offenses graves. Prenez part, prenons part à la joie de l’Évangile, la joie de vivre ensemble en nous appuyant les uns sur les autres, et en étant sûrs que Lui, le Seigneur, est notre appui vivant, pour chaque jour qu’il nous donne !

+ Claude DAGENS, évêque d’Angoulême

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