Le blog de Mgr Claude DAGENS

NOUS SOMMES APPELES A NOUS RESPECTER LES UNS LES AUTRES - Messe du Jeudi Saint à Montmoreau - Jeudi 17 avril 2014

18 Avril 2014

NOUS SOMMES APPELES A NOUS RESPECTER LES UNS LES AUTRES - Messe du Jeudi Saint à Montmoreau - Jeudi 17 avril 2014

Frères et sœurs,

Entre nous tous, prêtres, prêtres et diacres, prêtres et évêques et aussi prêtres et laïcs, nous sommes appelés à pratiquer le respect mutuel, le respect de ce que nous sommes, chacun pour notre part, à cause et à partir du Christ.

Je dis bien le respect, qui exclut le mépris et la dérision, ou les critiques plus ou moins cachée. Pratiquer le mépris et la dérision, c’est la meilleure façon de trahir la vocation qu’est la nôtre, et de trahir le Christ Jésus qui est notre raison de vivre.

Et quand je dis « trahir », je pense à Judas, à celui qui va livrer Jésus, pour des raisons sans doute très mêlées, d’intérêt, de calcul, de manipulation, mais surtout parce que Jésus n’a pas répondu à ce qu’il attendait de lui : il attendait un chef qui imposerait son pouvoir et il a découvert un homme qui acceptait d’être humilié, qui ne se défendait pas et qui se laisse vaincre par le mal. Judas, c’est l’homme de la déception : il ne voit pas venir ce qu’il attendait et il se venge de façon perverse. Il rêvait de pouvoir et il se voit associer à un homme qui est un serviteur humilié.

Voilà la vérité chrétienne ! Voilà le mystère du Christ que nous célébrons ce soir à Montmoreau ! On n’oublie pas que, dans la mémoire catholique, le jeudi saint, c’est la fête des prêtres, et c’est, pour les prêtres, le moment où ils renouvellent les promesses de leur engagement, comme ils l’ont fait mardi soir au cours de la messe chrismale.

La première de nos promesses, pour chacun de nous, prêtres, diacres et évêques, c’est de suivre le Christ Jésus, de marcher et de vivre comme lui, le serviteur de Dieu, et j’atteste, que chaque jour, nous apprenons que notre ministère, quel qu’en soit la forme, n’est pas un pouvoir, mais un service.

On peut bien rêver de s’affirmer comme un chef, de décider par soi-même, d’avoir raison, d’imposer ses opinions personnelles (et qui d’entre nous ne le désire pas un jour où l’autre ?), nous apprenons tous, peu à peu, que les autres ne nous appartiennent pas, et que le plus beau et le plus fécond, c’est de nous abandonner au Seigneur et de nous laisser façonner par son Esprit, car « ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force au cœur même de nos faiblesses, un esprit d’amour, au milieu de nos duretés et des duretés du monde, et un esprit de sagesse, pour discerner ce qui est le plus important. »

Et moi, en tant qu’évêque, je suis au milieu de vous au nom du Christ pour vous encourager à vivre dans la vérité du Christ, et la vérité du Christ se révèle e façon bouleversante dans le geste du lavement des pieds.

Le plus étonnant au cours de ce lavement des pieds, c’est la réaction de Simon Pierre, qui refuse cet abaissement du Maître, presque avec violence : « Toi Seigneur, tu ne me laveras pas les pieds, non jamais » ! Il ne veut pas être touché par Jésus, parce qu’il sait qu’en étant touché par lui, il devra accepter d’être comme lui, un serviteur humilié, et non pas le petit chef qu’il rêvait de devenir. Et Jésus lui lavera les pieds. Et Pierre entre aussitôt dans la nuit du reniement, et il sera ressaisi plus tard par le pardon du Christ ressuscité, plus tard, après avoir été brisé.

Un jour où l’autre, le Christ vient nous ressaisir aussi à partir de nos brisures. Nous n’échappons pas à notre vocation de serviteur. Et un évêque est heureux, quand il ordonne un prêtre, de s’engager avec lui dans cette belle histoire parsemée de surprises et de conversions.

Comme pour chacun de nous, comme pour toi Florian, que j’ai ordonné prêtre il y a quelques années, et j’ai pris tes mains dans les miennes, et je t’ai demandé : « Florian, promets-tu de vivre en communion avec moi et mes successeurs, dans le respect et l’obéissance ? »

Je savais bien que je ne te demandais pas une soumission béate, mais l’intention droite de ta conscience, ton désir profond de vivre dans la communion au Christ, avec moi et mes successeurs.

Il y a peut-être des futurs prêtres présents parmi nous ce soir. Seigneur, apprends leur dès maintenant à te rencontrer, à te prier, à te faire confiance, à te suivre en se donnant et en aimant.

Claude DAGENS évêque d’Angoulême

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